REVISER L\'HISTOIRE-GEOGRAPHIE ET L\'ECJS.

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Russie: la révolution de février 1917.

Plan Synthétique:

 

I. Un tsar discrédité.

 

a°) Un tsar influencé par sa femme.

 

Nicolas II, était un tsar soumis à l'influence de sa femme, l'impératrice Alexandra. Malgré la révolution avortée de décembre 1905, il refusait une évolution libérale du régime, que voulait la bourgeoisie russe. La naissance d'un fils hémophile, jeta l'impératrice dans les bras d'un charlatan, Raspoutine, censé protéger le tsarevitch et discrédita encore plus l'institution impériale.

b°) Le désastre de la guerre.

La Russie n'avait pas les moyens d'une guerre contre l'Autriche-Hongrie et l'Allemagne. Censé rallier tous les russes autour du tsar, les défaites de l'armée russe contre les allemands, notamment à Tannenberg, en 1914, accéléra la défiance des nobles et des militaires envers la stratégie de Nicolas II.

 

II. La révolution de février.

 

a°) D'une révolte pour le pain à la révolution.

 

Le 23 février, des ménagères envahirent le centre de Saint-Petersbourg, manifestant pour le droit des femmes dans le cadre de la Journée internationale de la femme mais aussi contre la pénurie de pain. Cette manifestation plutôt bon enfant était vierge de tout slogan politique. Devant la passivité des forces de l'ordre, les ouvriers de la capitale russe rejoignirent le cortège des mécontents, et le lendemain, des pillages de magasins commencèrent. Le 25 février, les partis révolutionnaires, absents, les deux premiers jours, prennent le train en marchent, et des slogans demandant un changement de régime apparaissent. C'est l'ordre de tirer sur la foule qui va faire basculer la situation. Certains régiments refusèrent de tirer et se rallièrent aux insurgés.

b°) La noblesse et la bourgeoisie lâchent le tsar.

 

Le chef d'état-major, le général Alexeiev, était persuadé que Nicolas II était la cause des défaites militaires et qu'il fallait changer de tsar pour renouer avec la victoire.

La bourgeoisie incarnée par Milioukov, voulait une évolution libérale du régime tsariste, ce que refusait le monarque.

Le 2 mars 1917, sous la pression de deux envoyés de la Douma, mais surtout des militaires, Nicolas II abdiqua. Le grand-duc Michel refusa la couronne, c'était la fin de la dynastie des Romanov.

 

Plan détaillé :

 

1°) Un tsar  discrédité.

 

a°) Les défaites militaires et la défiance des généraux.

 

L'armée et l'Etat russes n'étaient pas formatés pour soutenir une guerre contre l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et l'Empire Ottoman. Dès la fin août 1914, à Tannenberg, les armées russes de Samsonov subissaient une humiliante défaite de la part des allemands de Von Hindenburg.

L'année 1915, ne fut qu'une longue retraite pour l'armée russe, devant les austro-allemands, obligée de laisser la Pologne à ses ennemis. Malgré la réussite des offensives Broussilov, en 1916, la Russie, à la veille de la Révolution de Février, se trouve dans une situation militaire très mauvaise.

Ses défaites ont miné le prestige du tsar, auprès de la plupart des généraux russes, qui voient dans Nicolas II un monarque faible,


 (Source: wikipedia)

dominé par sa femme, l'impératrice Alexandra, incapable de proposer un renouveau politique pour fédérer les énergies contre l'ennemi allemand ! Lorsque l'insurrection commencera à Petrograd, en février, les généraux lâcheront ce tsar dont ils ne veulent plus.

 

b°) La bourgeoisie contre Nicolas II, l'autocrate.

 

Nicolas II avait toujours refusé une évolution libérale de son régime, à l'anglaise, vers une monarchie parlementaire, malgré les pressions de la bourgeoisie russe et de son entourage familial. Malgré sa réticence à une libéralisation du régime, le tsar, après les événements de janvier 1905, et le funeste "Dimanche Rouge", avait été obligé de lâcher du lest, et avait signé un Manifeste, en octobre 1905, pour une libéralisation politique. Le Parti KD, des constitutionnels-démocrates, emmenés par l'historien Milioukov obtint vite 100 000 adhérents, dont 60 % de nobles et fut rejoint par le Prince Lvov. On retrouvera les deux hommes, douze ans plus tard, lors de la révolution de Février 1917.

Le Manifeste d'Octobre prévoyait des élections pour une assemblée consultative, ou Douma, qui fut élu au Printemps 1906. Mais dès le début, les deux légitimités vont se heurter, et Stolypine, le nouveau premier ministre du Tsar, va faire dissoudre la Douma, générant un antagonisme entre les bourgeois libéraux et le régime tsariste. La deuxième Douma, fut encore une fois dissoute par le pouvoir et il fallut attendre une loi électorale éliminant les opposants au régime et favorisant les nobles, pour avoir une troisième Douma coopérative, en 1907, avec une majorité de droite nationale, avec l'Union du Peuple Russe.

A la veille de la première guerre mondiale, la bourgeoisie était profondément attachée à une évolution libérale du régime et se défiait de Nicolas II, autocrate qui avait travesti l'esprit du Manifeste d'Octobre 1905.

De plus, la guerre allait intimement associer l'Etat russe aux industriels privés, pour la production de guerre, ce qu'Hélène Carrère d'Encausse dans son Nicolas II nommera, "la Révolution Invisible", et qui annoncera la prise de pouvoir future de la bourgeoisie.

 

c°) L'impératrice Alexandra, l'âme damnée du tsar ?

 

Nicolas II et l'impératice Alexandra en 1894.


(Source: wikipedia)

Allemande de naissance, l'impératrice Alexandra Fedorovna, petite-fille de la reine Victoria, va jouer un grand rôle dans le discrédit du tsar. Famille profondément unie, Nicolas II était très attaché à sa femme et à ses enfants, avec qui il menait une existence bourgeoise. Mais la personnalité de l'impératrice va irrémédiablement s'assombrir, avec la naissance d'un tsarevitch, Alexis, atteint d'hémophilie. Désespérée, l'impératrice va s'en remettre à une sorte de gourou-guérisseur, un certain Grigori Raspoutine.


 ( Source: Wikipedia)

Faux moine et vrai charlatan, l'influence de Raspoutine va aller crescendo sur le couple impérial, étant même à l'origine de la nomination des généraux, pendant la Grande Guerre. Car le tsar parti à Moghilev, en 1916, c'est l'impératrice et son âme damnée, Raspoutine, qui allaient gouverner à Petrograd, faisant et défaisant les carrières et s'opposant, farouchement, à toute évolution libérale du régime, entraînant une exaspération croissante chez les nobles et les bourgeois-libéraux. Lors du discours d'ouverture de la Douma, le 1er novembre 1916, le chef du parti Constitutionnel-Démocrate (KD ou Cadet), représentant la bourgeoisie,  Pavel Milioukov,  accusa le Premier Ministre de l'époque, Boris Stürmer,  un protégé de la tsarine, de trahison au profit de l'Allemagne ! Le tsar fut obligé, devant la fronde des députés de la Douma, de licencier Stürmer, pour le remplacer par l'incompétent Trepov, qui se fit railler dès son arrivée devant la Douma. En pleine guerre, cette situation inquiétait les alliés de la Russie, qui voyait un Nicolas II ne plus maîtriser son pays !

Même dans la famille impériale, les suppliques au tsar pour faire évoluer le régime et écarter des affaires publiques la tsarine n'avaient aucun écho. Que ce soit le grand-duc libéral Nicolas ou le grand-duc Paul, aucun des deux ne put obtenir la libéralisation du régime ni le départ de l'impératrice qui discréditait l'institution impériale par ses décisions calamiteuses !

Devant l'entêtement du tsar à ne faire aucune concession, la famille complota même contre Nicolas II, pensant à le faire abdiquer, à envoyer la tsarine dans un couvent, pour donner le sceptre impérial au tsarevitch, Alexis, sous la régence du grand-duc Dimitri.

Dans la nuit du 29 au 30 décembre 1916, l'acrimonie de la famille impériale contre la tsarine, se traduisit par l'assassinat de Raspoutine, attiré dans un guet-apens chez le Prince Youssoupoff. L'élimination du favori de la famille impériale traduisait bien le fossé séparant cette dernière de son entourage proche !

 

2°) Un tsar abandonné: les journées de février.

 

a°) Pénurie et froid.

 

La guerre avait profondément bouleversé la vie économique russe. L'Etat avait accès sa production industrielle sur les armements au détriment du reste. Aussi, en cet hiver 1917 exceptionnellement froid, Petrograd fut touché par la pénurie de blé et de combustible. Le 19 février, les autorités de la capitale établirent le rationnement.

 

b°) 23 février 1917, les ménagères veulent du pain !

 

Le 23 février, les températures remontèrent et furent printanières, et une foule de ménagères descendit dans la rue, le matin, pour exprimer leur mécontentement devant la pénurie de pain. C'était aussi la Journée Internationale de la femme, et la perspective Nevski se remplissait de femmes demandant l'égalité des droits.

L'après-midi, l'atmosphère fut moins bon enfant, car les ouvrières des usines textiles de Vyborg se mirent en grève. Accompagnées par les ouvriers des usines métallurgiques, elles vinrent manifester au centre-ville.

100 000 personnes se massaient autour de la Douma, en fin d'après-midi, mais le gouvernement ne réagit pas.

Le lendemain, devant la passivité des forces de l'ordre, des pillages de magasins commencèrent et des ouvriers submergèrent de maigres troupes de cosaques, au pont de Liteni, reliant le quartier industriel de Vyborg au centre-ville.

 

Le 25 février, la foule grossit encore, dans les rues du centre-ville, et les slogans politiques, totalement absents des deux jours précédents, enflaient.

 

 

 

c°) Le rôle mineur des partis socialistes dans les journées de février.

 

 

 

Les partis socialistes ne virent pas venir la révolution de Février, mais il faut dire que beaucoup des chefs politiques socialistes vivaient en exil. Le menchevik Nicolas Soukhanov parlait de "désordres et non de révolution" et le bolchevik Chliapnikov, se rit de l'idée qu'on avait à faire à une révolution !

 

De même, les effectifs des militants des partis mencheviks, bolcheviks ou Socialistes-Révolutionnaires (SR) restaient numériquement faibles, en février 1917.

 

 

 

d°) La soldatesque pactise avec le peuple.

 

 

 

Le tsar, à Moghilev, sur le front, fut mal informé de la réalité des événements, par son ministre de l'Intérieur, Protopopov, favori de l'impératrice et notoirement incompétent. Il ordonna alors au chef du district militaire de Petrograd, le général Khabalov, de réprimer les manifestations.

 

Le 26 février, le régiment Semenovski tira sur la foule, mais d'autres régiments refusèrent et se mutinèrent, comme les régiments Pavlovski et Volynski. Mais ce fut la défection d'une compagnie du régiment Preobrajenski, de la Garde Impériale, sous l'action de Fedor Linde (1881-1917) , héros oublié de la Révolution de Février, qui fut décisif, et fit basculer la garnison de Petrograd.

 

 

 

e°) L'abdication du Tsar.

 

 

 

Nicolas II, inconscient des événements de Petrograd, se décida, sous la pression de l'impératrice, à revenir dans la capitale. Il n'y arriva jamais ! Les militaires firent dévier le train impérial à Pskov. Là, le 2 mars, deux représentants de la Douma, l'octobriste Goutchkhov et Choulguine, pressèrent le tsar d'abdiquer en faveur de son fils, le tsarevitch Alexis, sous la régence du grand-duc Michel.

 

Mais le coup de grâce viendra des généraux et de l'armée. Le général Alexeiev, chef de l'état-major, était persuadé que le renouveau militaire de la Russie , passait par l'abdication de Nicolas II, tsar faible soumis au bon vouloir de l'impératrice. Rassuré par la Douma que le nouveau gouvernement provisoire serait contrôlé par le parti Constitutionnel-Démocrate, et non par les socialistes, le général décida d'obtenir du Tsar son abdication. Le 2 mars, le général Rousski apporta à Nicolas II, les désidératas de ses chefs militaires, favorables à son abdication. Le Tsar, qui fut toujours très attaché à l'institution militaire, lâché par ses généraux, décida alors d'abdiquer, en nommant comme successeur le grand-duc Michel. La séculaire dynastie des Romanov avait perdu le pouvoir en trois jours, sans combat, lâchée par la bourgeoisie, la noblesse et l'armée !

 

La révolution de Février fut autant une insurrection populaire qu'une révolution par "le haut".

 

Le grand-duc Michel, peu porté sur les affaires publiques, refusa la couronne impériale. La monarchie russe s'éteignait donc, pour laisser place à un régime parlementaire bancal, qui ne devait durer que quelques mois.

 

 

Un QUIZZ pour réviser la révolution de Février.

 



28/06/2013
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