L'Union Européenne, une construction en crise ?
I. Les origines.
1°) La Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier(1951).
Le 18 avril 1951, sous l'impulsion de Robert Schuman, la France, l'Allemagne de l'ouest (RFA), l'Italie, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas signent le traité instituant la communauté européenne du charbon et de l'acier, qui favorise les échances de matières premières pour la production d'acier. C'est le premier rapprochement entre vainqueurs et vaincus de la seconde guerre mondiale.
2°) L'échec de la communauté européenne de défense (1952).
Les 6 pays de la CECA signèrent le 27 mai 1952, un traité sur la Communauté Européenne de Défense (CED), embryon d'armée européenne pour contrer l'URSS dans cette période de guerre froide.
Mais le parlement français, avec la coalition des communistes et des gaullistes, rejette ce traité. Les communistes car ils voient dans la CED, une machine de guerre contre le "grand frère" soviétique et les gaullistes, car ils ne veulent pas d'une armée supra-nationale(Les deux mouvements sont encore aujourd'hui attachés au principe du souverainisme).
3°) La Communauté Economique Européenne (CEE) de 1957 à 1993.
Le 25 mars 1957, les 6 pays de la CECA, signèrent, à Rome, le traité instituant la Communauté Economique Européenne, dont l'objectif était de favoriser les échanges commerciaux.
4°) L'Acte Unique européen (1986).
Le 17 février 1986, l'Acte unique européen est signé par 9 états membres, renforçant la coopération économique et financiere entre les pays signataires pour aller vers un espace économique unique en 1993.
II.L'Union Européenne (1993- ?).
1°) Le Traité de Maastricht (1992).
Le 7 février 1992, les états membres de la CEE signèrent le Traité de Maastricht, qui fut une nouvelle étape vers l'Union Européenne, en créant une "citoyenneté européenne", permettant à tous les citoyens de l'Union de voter dans n'importe quel pays membre. Le principe d'une future monnaie unique fut adopté, l'Euro.
Les Traités d'Amsterdam et de Nice vont compléter le traité de Maastricht en renforçant la coopération entre les pays membres.
III.La crise de l'Union Européenne.
La crise économique persistant, l'Union Européenne est perçue comme technocratique, c'est à dire dirigée par des fonctionnaires européens éloignés du terrain, et antidémocratique, puisque ces techniciens sont nommés et non élus par les peuples.
1°) L'Echec du Traité Constitutionnel Européen (2005).
Le 19 juin 2004, les chefs d'Etat et de gouvernements des états membres, adoptent un Traité établissant une Constitution Européenne, étape décisive vers une Europe fédérale. Mais les français, en 2005, par référendum, rejette ce Traité Constitutionnel Européen avec 55 % des voix. Le Parti Communiste, l'extrême-gauche, les gaullistes et le Front National ont ligué leurs voix contre ce projet, pour les mêmes raisons qui les avaient fait rejetter la Communauté Européenne de Défense et le Traité de Maastricht (Il ne faut pas oublier que ce dernier avait été accepté, par référendum, uniquement avec 51 % de Oui).
Ce rejet est un véritable désaveu pour l'Union Européenne, ouvrant une période de crise et d'incertitude qui existe toujours.
Sur fond de crise économique mondiale, l'euroscepticisme se développe dans tous les pays européens. En période de crise, les tentations nationalistes reprennent du poil de la bête et des attitudes de repli protectionniste sont souvent la règle.
2°) Le Traité de Lisbonne, un déni de démocratie ?
En 2007, les 27 états membres signent le Traité de Lisbonne, vu par certains comme une copie quasi-identique du Traité Constitutionnel Européen, rejetté par les français en 2005. Mais cette fois-ci, le président français ne prendra pas le risque d'un référendum et fera ratifier le texte par le Parlement. Des organisations politiques (extrême gauche et extrême-droite) s'élèveront contre ce "hold-up" démocratique, stigmatisant un pouvoir faisant passer un texte refusé par les français deux ans plus tôt.
3°) L'élargissement, un risque de paralysie ?
Des 6 pays fondateurs de la CEE, en 1957, l'Union Européenne, en 2013, est constituée de 27 pays membres. Il est alors difficile de dégager, parmi tous ces pays, une majorité stable, ce qui fait que l'Union Européenne apparaît souvent divisée.
4°) Des critères de convergence absurdes ?
Pour aller vers une monnaie unique, le traité de Maastricht avait indiqué des critères de convergence, pour harmoniser les politiques économiques des états membres. Il signifiait que:
- l'inflation devait être contenu à 1,5 % par an.
- le déficit budgétaire devait être inférieur à 3 % du PIB.
- un endettement public inférieur à 60 % du PIB.
Le dernier Pacte Budgétaire Européen, signé le 2 mars 2012, alourdit encore les contraintes. Puisque le déficit structurel autorisé sera désormais compris entre 0,5 et 1 % du PIB.
Or, dans une période de crise économique persistante, ces critères apparaissent à certains pays comme trop contraignants voire suicidaires. Car si l'Allemagne, avec sa puissance industrielle, peut être dans les clous, d'autres pays du sud, notamment la Grèce, le Portugal, l'Espagne et même la France n'ont pas une économie assez forte pour respecter ces critères, notamment la réduction de leur déficit budgétaire.
En 2011, la Grèce était quasiment en cessation de paiment, à cause de la crise mondiale, incapable de rembourser ses dettes. Les plans d'aide financière de l'Union Européenne sont apparus comme trop contraignants, étranglant le peuple grec. Alors que c'est l'incompétence des politiciens grecs successifs qui ont amené cette situation désastreuse, c'est l'Union Européenne qui récolta la colère du peuple hellène !
La Grèce n'avait certainement pas une économie pour supporter l'adoption de l'Euro. Pays surendetté, avec un Etat généreux, un secteur public surdimensionnée (800 000 fonctionnaires sur population active de 5 millions) qui représente 40 % du PIB, mais aussi état laxiste, incapable de faire rentrer les impôts, la crise économique, à partir de 2008 a été fatale au pays.
6°) Le retour de l'Allemagne.
La grande initiatrice du Pacte Budgétaire Européen est la chancellière Angela Merkel,
qui surfe sur les bonnes performances économiques allemandes pour imposer sa politique économique austère à toute l'Europe. L'Allemagne est donc perçue comme un pays dominateur qui mèle la politique économique européenne à son seul profit.
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